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LDC : Comment le business influe sur le tirage au sort

C’était le rendez-vous attendu par toute l’Europe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sur ce coup là, l’UEFA s’est fortement loupée. Une erreur technique lors du tirage au sort des 8e de finale de Ligue des Champions a poussé l’instance du football à annuler le tirage initial et à en refaire un second dans la journée. Une situation causée par de nombreuses spécificités qui rendent ce tirage au sort compliqué. Pour des arguments sportifs ? Oui, mais pas seulement. Petite explication sur les raisons économiques qui influent sur les règles de la LDC. 👇

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Andreï Arshavin durant le tirage au sort de la LDC

Coup de tonnerre à Nyon. Alors que le tirage au sort des 8e de finale de la Ligue des Champions était terminé, certains clubs ont saisi l’UEFA pour se plaindre d’une erreur. L’objectif ici n’est pas de revenir en détail sur l’erreur commise. Mais plutôt d’essayer de comprendre ce qui fait du tirage au sort de la Ligue des Champions quelque chose de spécial, notamment d’un point de vue économique. Pour ceux qui veulent savoir précisément pourquoi le premier tirage ne pouvait pas être considéré comme valable, je vous invite à lire cet article de l’Equipe qui résume parfaitement la situation.

LDC, un tirage avec ses spécificités

Après les phases de poules, les deux premiers des huit poules se qualifient pour la suite de la compétition. Mais plutôt que de désigner les affiches par un tirage au sort dit « intégral », où tous les clubs peuvent s’affronter sans distinction, la Ligue des Champions dispose d’un format plus compliqué. Tout d’abord, par un système bien connu de beaucoup de compétitions, quelque soit le sport, les « têtes de séries ». Le principe est simple, une équipe qui termine en tête de son groupe de qualification ne peut pas affronter une autre équipe qui a terminé première de sa poule. Le tirage au sort désignera donc forcément huit rencontres opposant un premier et un deuxième de groupe.

Autre point, les équipes qui étaient dans la même poule ne peuvent pas se rencontrer en 1/8e de finale. Rien de bien compliqué jusque là. Mais c’est une autre spécificité qui va rendre ce tirage bien plus difficile qu’il n’y paraît.

En effet, la règle stipule que lors des 8e de finale de la Ligue des Champions, les clubs d’un même pays ne peuvent pas tomber l’un contre l’autre. Par exemple, bien que respectivement premier et deuxième de leur groupe, Lille et le PSG n’auraient pas pu s’affronter à ce stade de la compétition. Un format qui influe énormément sur le tirage au sort. En effet, de nombreuses équipes ne pouvant se croiser bénéficient statistiquement de plus de chance de tirer d’autres clubs. Chelsea, deuxième de son groupe, ne pouvait pas affronter les équipes anglaises classées premières de leur poule : Liverpool, Manchester United ou le Manchester City de Pep Guardiola. Les autres équipes ayant terminé deuxième de leur groupe avaient donc forcément plus de chance de tomber sur ses gros clubs européens. Mais alors, si cette règle, en plus de compliquer les choses d’un point de vue technique, pose une réelle question d’équité, pourquoi existe-elle ? 

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Les affiches des 8e de finales de LDC

Une question de droits TV

Si cette règle existe, c’est pour une question de droits TV. À une époque où les droits des compétitions de football se vendent de plus en plus cher, les diffuseurs sont contraints de dépenser des sommes colossales. Un investissement qui nécessite donc certaines assurances. La règle qui interdit deux clubs d’un même pays avant le stade a en réalité pour but de sécuriser la présence d’équipes d’un maximum de pays le plus tard possible dans la compétition. Concrètement, l’intérêt pour la Ligue des Champions risque de diminuer chez un pays dont tous les représentants ont été éliminés assez tôt. Leur interdire de se rencontrer avant les 1/4 de finale leur offre donc plus de chances de bien figurer dans la compétition.

Rappelons que les droits TV représentent aujourd’hui le plus gros revenu des clubs. Des recettes d’autant plus importantes que le Covid-19 a privé la quasi totalité des écuries européennes de billetterie suite aux confinements, couvre-feu ou autre matchs à huis clos. En France par exemple, les droits TV représentent entre 50 et 65% des recettes des clubs de Ligue 1 (hors transferts). Plus un club est petit, plus il est dépendant de ces revenus, car il aura plus de mal à générer du chiffre d’affaires via les autres leviers : billetterie, sponsoring et merchandising. 

Evolution des droits TV de la LDC en France

Si certains formes du règlement de la Ligue des Champions existent par intérêt sportif, comme le système de têtes de séries, d’autres sont en revanche présentes uniquement pour répondre à des problématiques économiques. Une situation qui fait partie de l’univers du football, mais qui démontre bien l’importance du business au sein du sport, même chez les plus grandes instances européennes comme l’UEFA. Une chose est sûre, l’épisode du tirage au sort raté donnera peut-être de nouveaux arguments aux gros clubs favorables à la création d’une Super League. Avec une nouvelle fois, des ambitions plus économiques que sportives…

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