À Manchester City, Pep Guardiola dispose de moyens financiers XXL pour se construire une équipe de rêve années après années. Mais contrairement aux idées reçues, les Citizens disposent de l’effectif le plus durable d’Europe. Une des clés du succès des Skyblues.
Même si d’un point de vue personnel, je ne fais pas forcément partie des plus grands fans de Pep Guardiola, difficile de nier que l’Espagnol a révolutionné le football depuis sa prise en charge du FC Barcelone en 2008. Après avoir tout gagné au Barça, le technicien a relevé le défi Bayern Munich, avec plus ou moins de succès. C’est ensuite à Manchester City que Pep a posé ses valises depuis 2016. S’il n’a toujours pas permis au club de remporter sa première Ligue des Champions, Guardiola a indéniablement stabilisé les Citizens au très haut niveau. Sur les dernières années, les Skyblues ont remporté trois Premier League, une FA Cup, cinq Coupe de la Ligue et ont atteint pour la première fois la finale de la Ligue des Champions, reléguant le rival United au titre de deuxième club de Manchester.

City, l’effectif le plus stable d’Europe
Depuis son rachat en 2008 par un fonds d’investissement d’Abu Dhabi, Manchester City possède une puissance financière quasiment sans égal. Une situation dont a bien profité Pep Guardiola, n’hésitant pas à débourser d’énormes sommes à la recherche de défenseurs notamment : 56M pour John Stones, 58M pour Benamin Mendy ou encore 65M pour Aymeric Laporte. C’est finalement avec l’arrivée de Ruben Dias pour 70M à l’été 2020 que l’entraîneur catalan a enfin trouvé le roc solidifiant son arrière-garde. Mais malgré plusieurs gros transferts, la politique du club tend plutôt vers la stabilité que vers d’innombrables chamboulements dans l’effectif, à tel point que Pep Guardiola s’appuie sur le groupe le plus stable d’Europe.
Lors de sa 355e édition, la lettre hebdomadaire de l’Observatoire du football CIES a classé les effectifs les plus stables des cinq grands championnats européens. Pour ce faire, plusieurs critères ont été utilisé comme l’âge des joueurs, le temps de jeu ou encore la durée du contrat. Et à ce petit jeu, Manchester City domine l’Europe devant la Real Sociedad et Liverpool. En moyenne, le onze aligné par Pep Guardiola a 27 ans de moyenne d’âge, et chaque joueur est présent dans l’effectif depuis 3,32 ans. Lorsque l’on connaît l’exigence et le style de jeu bien caractéristique du coach des Citizens, difficile de ne pas faire de lien entre la stabilité de l’effectif et les succès obtenus. En travaillant plusieurs saisons consécutives avec le même noyau dur, Guardiola parvient plus facilement à transmettre son message et à faire progresser ses joueurs. On peut citer Raheem Sterling et Riyad Mahrez, pourtant à la base bien éloignés de l’ailier type souhaité par le Catalan, et qui brillent aujourd’hui dans le système offensif des Skyblues.
Un collectif qui prime sur les individualités
Au Barça, bien que le « tiki-taka » soit né sous l’ère Guardiola, la solution était le plus souvent trouvée par Lionel Messi. Du côté du Bayern, Pep pouvait s’appuyer sur Robert Lewandowski. À Manchester City, la priorité est mise sur un collectif parfaitement huilé au détriment des individualités. Evidemment que Kevin De Bruyne fait partie des tous meilleurs milieux offensifs de la planète, mais d’un point de vue marketing, il est bien moins « bankable » qu’un Neymar ou qu’un Paul Pogba par exemple. Depuis le départ de Sergio Aguero, véritable légende du club, le secteur offensif est composé de joueurs très talentueux, mais sans aucune véritable superstar. Un schéma diamétralement opposé à celui du PSG. Encore une fois, difficile d’écarter l’hypothèse que ce choix permet à Guardiola d’installer encore mieux son style de jeu. Aussi bons soient-ils, il sera toujours plus facile de demander à Gabriel Jesus, Bernardo Silva ou Phil Foden de défendre qu’à Neymar, Kylian Mbappé ou Lionel Messi. Le pressing haut réalisé par tous les joueurs offensifs de Manchester City fait d’ailleurs partie de l’un des points forts de la tactique de Guardiola.
Alors oui, pour le moment, le Manchester City de Pep Guardiola déçoit en Ligue des Champions. Peut-être par manque d’expérience, parfois par manque de réussite. Mais difficile de juger le passage du technicien en Angleterre comme un échec, tant son football et ses idées ont révolutionné énormément de choses en Premier League. Et la stabilité que les dirigeants lui offrent depuis maintenant plusieurs saisons est loin d’être étrangère à tout ce succès.