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Entraîneurs : la jeunesse au pouvoir

Longtemps réservé aux séniors, le métier d’entraîneur ouvre de plus en plus ses portes aux plus jeunes. Menée par Nagelsmann, Xavi ou Arteta, la nouvelle génération est aujourd’hui bien présente au sein des très grands clubs européens. Avec des idées de jeu déjà bien ancrées, et très radicalement tournées vers l’offensive.

L’exemple de la Bundesliga

S’il y a bien un pays qui peut être considéré comme précepteur lorsqu’il s’agit de faire confiance aux jeunes entraîneurs, c’est bien l’Allemagne. Quel meilleur exemple que Julian Nagelsmann ? Le parcours du jeune surdoué est spectaculaire. Plus jeune entraîneur d’une équipe de première division d’un grand championnat européen à 28 ans avec Hoffenheim. Demi-finale de Ligue des Champions avec Leipzig. Le tout avec, à chaque fois, un jeu très offensif. Un chemin qui le mènera au plus grand club allemand : le Bayern Munich. Au sein d’une institution mythique, Nagelsmann aurait pu freiner ses velléités offensives. Il n’en fut rien. Constamment en train d’innover, le technicien de 34 ans n’a pas hésité à nous offrir un des systèmes les plus osés de ces dernières années. Jusqu’à aligner en même temps cinq attaquants (Coman, Gnabry, Sané, Muller, Lewandowski) avec les seuls Kimmich et Musiala pour tenir le milieu de terrain. Un schéma qui a permis au Bayern d’étriller Salzbourg en 1/8 de LDC (7-1).

Charismatique et sûr de lui, Nagelsmann n’est qu’à l’aube d’une carrière qui s’annonce exceptionnelle. Mais il n’est pas la seule jeune pousse à germer du côté de la Bundesliga. Malgré une saison compliquée à Dortmund, Marco Rose (45 ans) jouit lui aussi d’un gros potentiel et a déjà montré de belles choses à Mönchengladbach. À l’heure où j’écris ces lignes, sur les 18 coachs qui évoluent en première division, 13 ont moins de 50 ans. En plus de Nagelsmann, Tedesco (Leipzig, 36 ans), Kohfeldt (Wolfsburg, 39 ans) et Hoeneß (Hoffenheim, 39 ans) n’ont pas encore la quarantaine.

X4VI, le sauveur du Barça ?

Après deux ans passés sur le banc d’Al-Sadd au Qatar, l’ancien milieu de terrain franchissait le pas et revenait à Barcelone. Un Barça dans la tourmente, totalement largué en championnat et éliminé de la Ligue des Champion dès les poules. Après un mercato réussi (Aubameyang, Ferran Torres notamment), les Blaugranas sont totalement métamorphosés. Et ils le doivent en grande partie à un homme : Xavi. La légende du club a amené avec lui son professionnalisme, son exigence, mais aussi et surtout ses idées de jeu. Le résultat est saisissant. Avec « X4VI » à sa tête, le Barça en a planté 4 à Naples, à Valence, à l’Atletico et surtout au Real Madrid. Avec plus de temps et de moyens pour appliquer sa méthode, l’Espagnol a toutes les cartes en main pour réaliser de grandes choses chez lui, à Barcelone. Les supporters catalans abordent en tout cas la saison prochaine avec sérénité. Une chose impensable il y a encore quelques mois.

Arsenal de retour grâce à Arteta ?

Les débuts ne furent pas aussi heureux pour Mikel Arteta du côté d’Arsenal. Adjoint de Guardiola à City pendant trois saisons, le natif de Saint-Sebastien tente sa chance sur le banc des Gunners en 2019. Malgré une FA Cup remportée en 2020, les premiers mois sont compliqués. Mais petit à petit, l’Espagnol parvient à transmettre son message et ses idées à un effectif très jeune. Pour cela, il n’hésite pas à se débarrasser des joueurs dont le comportement lui pose problème (Özil, Aubameyang). Le temps lui donne raison. S’appuyant sur la jeunesse dorée des Gunners (Saka, Martinelli, Odegaard, Smith-Rowe), Arteta a trouvé la bonne formule. Malgré des difficultés face aux très gros de PL, les Londoniens sont très solides face aux équipes supposées plus faibles. À tel point qu’aujourd’hui, Arsenal est de nouveau dans la course, et virtuellement qualifié pour la prochaine LDC avec une quatrième place devant Tottenham et Manchester United.

Gerrard, Inzaghi et les autres

Si les entraîneurs cités précédemment sont les têtes d’affiche de cette nouvelle génération, de nombreux autres semblent promis à un bel avenir. Après un passage tonitruant chez les Rangers, Steven Gerrard (41 ans) réalise du très bon travail avec Aston Villa. À 45 ans, Simone Inzaghi a parfaitement pris la relève d’Antonio Conte malgré les pertes de Lukaku et Hakimi. Roberto De Zerbi (Shaktar, 42 ans), Ruben Amorim (Sporting, 37 ans) ont également une belle cote. La France n’est pas en reste, avec Julien Stéphan (41 ans) qui après de bons débuts à Rennes permet à Strasbourg de se mêler à la lutte pour les places européennes. Une tendance qui se vérifie également de l’autre côté de l’Atlantique. Âgé de 46 ans, Marcelo Gallardo fait les beaux jours de River Plate et devrait prochainement débarquer en Europe.

Comment l’expliquer ?

Cet essor de jeunes entraîneurs qui frappe à la porte du gratin du football européen peut s’expliquer par plusieurs raisons. Nombreux sont les formations qui, dans le but de cultiver cette fameuse culture club, décident de faire appel à d’anciennes légendes qui se lancent en tant que coach. Des choix qui peuvent s’avérer payants (Zidane, Xavi…) mais aussi parfois bien plus compliqués (Seedorf, Lampard…).

Chelsea : Pourquoi Lampard n'y arrive pas? - Café Crème Sport

Dans un football moderne où les jeunes joueurs sont de plus en plus starifiés, la communication avec les anciens peut parfois être compliquée. Ainsi il n’est pas rare de voir les coach plus âgés (Mourinho, Van Gaal…) se heurter à des jeunes joueurs qui n’ont rien à voir avec ceux des générations précédentes. Le Special One l’expliquait lui même. « Je dois m’adapter à ce que sont les jeunes joueurs maintenant. Lampard à 23 ans était un homme. Les joueurs à 23 ans ne sont pas des hommes, ce sont des gamins. » Un choc des générations que les dirigeants tentent probablement de s’éviter en optant pour des profils d’entraîneur plus jeunes, et ainsi plus proches de leur effectif.

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