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Comment expliquer le déclin de la Juve ?

Malgré une série de six matchs sans défaite en championnat, la Juve pointe à 11 points du leader, l’Inter Milan. Déjà privée du titre de champion par les Nerazzurri l’an dernier, la Vieille Dame, actuellement 5e, devra se battre pour une qualification en Ligue des Champions. Pourtant, entre 2012 et 2020, les Turinois ont écrasé l’Italie, remportant 9 Scudetti consécutifs. Alors comment expliquer ce déclin, dont les prémices sont visibles depuis plusieurs mois maintenant ? Nombreux sont ceux qui pointent du doigt l’arrivée de Cristiano Ronaldo, qui aurait bouleversé l’unité de l’effectif. Mais en regardant de plus près, d’autres éléments peuvent expliquer les difficultés rencontrées par les Bianconeri. 👇

CR7 et la Juve, vraiment un échec ?

Recruté à l’été 2018 pour près de 100M, Cristiano Ronaldo avait pour mission de faire passer ce fameux cap à la Juventus, habituée aux défaites en finale de Ligue des Champions. Force est de constater que la mission du Portugais fut un échec. Pire encore, la Vieille Dame a subi trois revers consécutifs face à des équipes supposées inférieures : Lyon, l’Ajax puis Porto. Parti l’été dernier à Manchester United, CR7 est rapidement devenu la cible des critiques. Certains cadres de la Juve n’ont pas hésité à pointer du doigt le quintuple ballon d’or. C’est le cas de Giorgio Chiellini ou encore Gianluigi Buffon.

«Nous avons atteint la finale de la Ligue des Champions en 2017 parce que nous étions une équipe pleine d’expérience, mais surtout parce que nous étions unis. Il y avait cette compétition pour les places au sein du groupe qui était très forte. Nous avons perdu ça avec Ronaldo. »

Le défenseur Chiellini critique la décision tardive de Cristiano Ronaldo. |  KVK MEDIA
Cristiano Ronaldo et Giorgio Chiellini

Habitué à briller en C1, Cristiano Ronaldo a échoué dans sa mission avec la Juve. L’âge n’aidant pas, le Portugais était forcément moins dominant que lors de ses plus belles années à Madrid. Pourtant, d’un point de vue statistique, le quintuple ballon d’Or est loin d’avoir démérité. Preuve en est, il a terminé meilleur buteur du club sur l’année civile 2021 malgré son départ… l’été dernier ! En Ligue des Champions comme en Serie A, le Portugais s’est montré décisif à de nombreuses reprises.

Si le mariage entre CR7 et la Juve n’a pas apporté le résultat espéré, il ne peut clairement pas être considéré comme le seul responsable du déclin du club italien. La preuve, la Juventus n’affiche pas un meilleur visage depuis qu’il est parti du côté de Manchester. Au contraire. Et si le réel problème n’était pas la présence de Ronaldo, mais le manque de soutien autour de lui ?

Stats de Cristiano à la Juve

Des mercato ratés

Les blessures et l’irrégularité de Paulo Dybala expliquent en partie le manque de soutien autour de Cristiano Ronaldo durant son passage à Turin. Mais ce qui pose réellement de gros problèmes à la Juve depuis plusieurs saisons, ce sont les choix réalisés lors des marchés des transferts. Il y a quelques années encore, la cellule de recrutement de la Vieille Dame était considérée comme l’une des meilleures au monde. Pour rappel, les Bianconeri étaient les spécialistes dans l’arrivée de joueurs gratuits : Paul Pogba, Andréa Pirlo, Sami Khedira… Autant de joueurs qui ont apporté de réelles plus-values à l’effectif.

Force est de constater que cette stratégie montre ses limites aujourd’hui. La faute à des choix de joueurs beaucoup moins inspirés. Adrien Rabiot et Aaron Ramsey, recrutés libres eux aussi, n’ont jamais confirmé les attentes placées en eux. Pire encore, le gros salaire que le club leur a offert à leur signature est aujourd’hui un frein pour les vendre.

Si les joueurs arrivés gratuitement déçoivent, difficile d’épargner les éléments offensifs sur lesquels la Juve a investi de grosses sommes lors des dernières années. Annoncé comme un futur crack, Dejan Kulusevski n’a marqué que cinq buts en plus de 60 matchs à Turin. Des chiffres bien loin de rentabiliser les 35M misés sur lui en 2020. Et le jeune suédois n’est pas le seul joueur à fort potentiel qui déçoit à la Juve. Federico Bernardeschi en est la parfaite illustration. Sur les quatre dernières saisons, le gaucher n’a jamais dépassé la barre des deux buts. Federico Chiesa est incontestablement celui qui apporte le plus sur le terrain. Même si, d’un point de vue purement statistique, ses chiffres peuvent paraître loin de ceux attendus pour un joueur recruté 70M. L’international italien semble néanmoins être le seul joueur de cette liste à avoir les qualités nécessaires pour s’imposer à la Juve.

L’attaque de la Juve a du mal cette saison

Un manque de stabilité

Après cinq ans de succès, Massimiliano Allegri quittait la Juve en 2019. Depuis, les dirigeants se sont creusés la tête pour lui trouver un successeur… jusqu’à de nouveau faire appel à lui l’été dernier. Sarri, Pirlo, Allegri. Trois noms qui ont dirigé la Juve au cours des trois dernières saisons, et autant de profils et de philosophies diamétralement opposées. Fini le pragmatisme et le jeu de défensif d’un entraîneur qui était sur le banc depuis cinq ans, la Juve a du s’accommoder au style offensif de Maurizio Sarri. Après l’expérience d’un coach passé par Naples et Chelsea, le vestiaire turinois a ensuite été placé sous la direction d’Andréa Pirlo. Ancien joueur du club, mais totalement novice au poste d’entraîneur.

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Andréa Pirlo lors de son passage sur le banc de la Juve

Si le style de jeu de Pirlo et Sarri avaient des similitudes, son manque d’expérience a rapidement montré ses limites. Rappelé pour sauver les meubles, Massimiliano Allegri est donc revenu l’été dernier. Avec son expérience, sa culture du résultat, et ses principes de jeu axés sur une grosse solidité défensive. Au cours des dernières années, les dirigeants de la Juve ont tout tenté : offensifs, défensifs, novices, expérimentés. Autant de changements auxquels l’effectif a du s’habituer. Avec plus ou moins de succès. Ce manque de stabilité démontre d’une part le manque d’inspiration et de ligne directrice de la part des dirigeants. Il explique d’autre part la baisse de résultats de la Juve depuis plusieurs saisons.

La Juve décline, la Serie A progresse

Pendant neuf ans, la Juventus a écrasé l’Italie, étant sacrée championne chaque saison. Si le Napoli a parfois crée l’illusion, la concurrence était d’un point de vue général aux abonnés absents. L’idée que le foot italien était en régression dominait. Une tendance qui s’est inversée depuis quelques mois. Car oui, pendant que la Juve déclinait progressivement, les autres clubs italiens en ont profité pour progresser.

L’Inter d’Antonio Conte puis de Simone Inzaghi a de nouveau connu la joie du titre en Serie A. Grace au très bon travail de Gian Piero Gasperini, l’Atalanta s’est imposé comme l’un des prétendants au titre chaque saison. Le Milan AC est de retour au premier plan, tandis que le Naples de Luciano Spalletti montre de très belles choses. D’un point de vue général, c’est la philosophie des clubs italiens qui a changé. Mettant bien plus l’accent sur le jeu. La Juve parviendra-t-elle à suivre le rythme, avec un entraîneur à contre-courant des idées à la mode ?

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Souvent pointé du doigt, le transfert de Cristiano Ronaldo vers la Juventus peut être considéré comme un échec. Il est en revanche loin d’être le seul responsable de la situation des Bianconeri. Des mercatos peu inspirés. Un manque de ligne directrice et de stabilité au poste d’entraîneur. Le niveau global de la Série A qui augmente. Autant d’éléments qui peuvent expliquer le déclin progressif de la Juventus. Massimiliano Allegri et ses hommes ont désormais jusqu’à la fin de la saison pour limiter la casse et accrocher une qualification pour la prochaine Ligue des Champions. À moins de sauver la saison grâce à une épopée européenne. En huitième de finale de C1, la Juve affrontera Villarreal. Un tirage abordable mais à ne surtout pas prendre à la légère. Encore plus quand on regarde le nom des dernières équipes ayant éliminé le club italien…

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