Longtemps considéré comme un entraîneur au profil défensif, Christophe Galtier est parvenu à se réinventer. Champion avec Lille, le technicien fait aujourd’hui les beaux jours de l’OGC Nice. À tel point que beaucoup le considèrent comme le meilleur entraîneur français à l’heure actuelle. Retour sur l’évolution du natif de Marseille, tant dans l’évolution de sa philosophie que du point de vue des résultats.
La prise de conscience
Sur le banc de l’AS Saint-Etienne entre 2009 et 2017, Christophe Galtier a connu des hauts et des bas. Lutte pour le maintien, qualification en Europa League ou encore victoire en Coupe de la Ligue en 2013. Dans un contexte parfois difficile, le Marseillais a toujours réussi à proposer des équipes cohérentes. En ramenant un titre au peuple vert qui l’attendait depuis 1981, Galtier s’est définitivement offert une place dans le coeur des supporters stéphanois. Un travail dans le Forez reconnu, puisqu’il a été élu meilleur entraîneur de l’année 2013 à égalité avec un certain… Carlo Ancelotti. Plutôt flatteur. Pourtant, il serait mentir que de dire qu’il bénéficiait à l’époque de la meilleure des réputations.

Malgré des résultats correct, Christophe Galtier était étiqueté » entraîneur Ligue 1 « . Un technicien s’appuyant avant tout sur une grosse solidité défensive. Quelqu’un mettant l’accent sur le résultat plutôt que sur le jeu. Intelligent, l’ancien défenseur a fini par se rendre compte de ses lacunes. Il l’a d’ailleurs lui même expliqué quelques années plus tard. Lorsqu’il assiste à un match de son équipe devant un écran de télévision plutôt qu’au stade.
« Cette soirée a été un déclic. J’avais décidé de voir la rencontre dans des conditions différentes plutôt qu’en tribunes après avoir pris conseil auprès d’Arsène Wenger. Là, je me suis dit : « Si je suis supporter de Saint-Étienne, je suis content parce qu’on a gagné 1-0, mais wow… » J’ai aussi écouté ceux qui étaient devenus mes anciens joueurs. On a pas mal échangé durant mes six mois d’inactivité, et je leur ai demandé : « Les gars, j’ai la sensation qu’on s’est un peu emmerdés, non ? » Et ils m’ont répondu : « Oui, coach, on s’est emmerdés… » Derrière, j’ai refait le plein et j’ai voulu revenir à un football plus moderne. Un football de transition, rythmé, offensif, dense, intense… »
Titre et nouvelle philosophie au LOSC
En 2017, Galtier rejoint le LOSC, en grande difficulté et 18e de Ligue 1. L’occasion d’essayer sa nouvelle philosophie, plus axée sur le jeu. Petit à petit, la mayonnaise prend. Après une première saison où il parvient à sauver le club de la relégation, Galette emmène Lille à la deuxième place de Ligue 1. Avec en prime un titre de meilleur entraîneur de l’année 2019. Dans le Nord de la France, Galtier mise sur un mix entre anciens et jeunesse. L’expérience de joueurs comme José Fonte et Loic Remy additionnée à la fougue de Nicolas Pépé ou Jonathan Ikoné.

Malgré de nombreux départs liés au modèle économique du club, le LOSC poursuit son développement grâce à l’excellent travail de son entraîneur. Désormais sûr de son jeu, le technicien avance avec certitude. Doté d’un effectif relativement bien fourni notamment offensivement, le natif de Marseille peut se permettre de faire tourner. Les hommes changent, mais le schéma reste le même : un 4-4-2 avec deux joueurs de côté soutenant deux attaquants de pointe. Bamba, Ikoné, Yacizi, David, Yilmaz, Weah, Araujo. Peu importe qui est sur le terrain, la philosophie de jeu reste la même. Une tactique qui permettra au LOSC de réaliser l’exploit en remportant le titre de champion de France, devant le PSG.
De plus en plus salué par la critique, Galtier attire maintenant les plus grands clubs. L’OL et Jean-Michel Aulas lui tendent les bras. Finalement, c’est Nice que le coach choisit de rejoindre. Séduit par le projet, les moyens alloués au mercato et sans doute par les libertés dont il n’aurait pas bénéficié à Lyon.
Galtier et Nice, mariage gagnant
À Nice, Christophe Galtier rejoint le projet soutenu par Ineos. Avec des moyens, mais aussi des objectifs. Pour retrouver la Coupe d’Europe, Galette réclame des renforts. Et ses nouveaux dirigeants lui font confiance. Andy Delort, Justin Kluivert, Calvin Stengs, Melvin Bard, Jean-Clair Todibo… Une fois son effectif construit, l’entraîneur champion de France en titre se met au boulot. Après des débuts discrets liés à de nombreuses notions à assimiler, les Niçois semblent aujourd’hui en parfaite symbiose avec leur coach. Sur 5 victoires consécutives en Ligue 1, les Aiglons sont 2e du classement, et se mettent à rêver de Ligue des Champions.

Le 4-4-2, la patte Galtier
D’un point de vue tactique, Galtier reprend les ingrédients qui ont façonné son succès à Lille. Un 4-4-2 parfaitement huilé. Devant, le duo d’attaque a pour mission d’exercer le premier pressing. Dans l’entre-jeu, Lemina et Rosario ont le rôle qu’avaient André et Xeka dans le Nord. Les ailiers défendent énormément. Derrière, la paire Todibo – Danté est extrêmement solide. D’une manière générale, c’est tout le bloc niçois qui coulisse, et qui défend en avançant. Un pressing constant et maîtrisé qui permet aux Azuréens de récupérer très haut et de pouvoir mettre en difficulté l’adversaire en quelques passes seulement. Une solidité qui place l’OGC à la troisième place du classement des meilleurs défenses de Ligue 1.

Au-delà de l’aspect tactique, Galtier fait grandir ses joueurs. En leur transmettant ses valeurs, il les fait progresser en tant qu’homme et donc sur le terrain. Très proche de son groupe, il accorde beaucoup d’importance au bien-être de ses joueurs en dehors du terrain. En s’intéressant à leur vie privée, il crée un lien particulier. Il est à l’origine de l’incroyable progression de Todibo, pourtant en grande difficulté lors de ses passages ratés à Benfica ou Schalke. Très fédérateur, il exige néanmoins beaucoup de travail, et un investissement à 100%. Lorsque tout va bien, il n’est pas du genre à s’enflammer. Perfectionniste, il n’hésite pas à piquer ses meilleurs joueurs si nécessaire. Comme il l’a fait avec Amine Gouiri.
Galtier, l’exemple à suivre ?
Après un début de carrière où il a souvent été décrit comme un entraîneur défensif, Christophe Galtier s’est véritablement métamorphosé avec le temps. Un changement de philosophie récompensé par un titre de champion de France avec Lille. Aujourd’hui au centre du projet niçois, Galette poursuit sa progression. Avec son 4-4-2 et ses progrès tactiques, il a pour ambition de faire des Aiglons un participant récurent en Coupe d’Europe. Désormais cité parmi les meilleurs entraîneurs français en activité, l’homme de 55 ans n’a jamais caché son envie d’entraîner un jour en Premier League. Pour l’OGC Nice mais aussi pour toute la Ligue 1, espérons qu’il reste le plus longtemps possible dans l’Hexagone. Avec l’espoir qu’à l’image de Christophe Galtier, certains entraîneurs au profil plutôt défensif n’aient plus peur d’évoluer. Et de voir le football avec un prisme plus offensif à l’avenir.