Algérie, Sénégal, Guinée, Cameroun. Depuis le début de la CAN, les grosses nations ont du mal. Pourtant, tous ces prétendants à la victoire finale ont affronté des pays largement inférieurs sur le papier. Alors comment expliquer ces difficultés ? Analyse de 3 raisons qui peuvent expliquer ces résultats étonnants.
Les conditions de jeu
Initialement prévue en 2021, la CAN a débuté dimanche dernier. Reportée à cause de la crise sanitaire ainsi que du calendrier surchargé l’an dernier, la compétition a subi la menace d’un nouveau report. Notamment réclamé certains clubs anglais qui ne souhaitaient pas perdre leurs joueurs pendant plusieurs semaines. Au final, tout est bien qui finit bien pour le peuple camerounais qui accueille donc cette compétition internationale. Si les retards sur les chantiers ont longtemps inquiété, toutes les infrastructures ont finalement été prêtes en temps et en heure. Pourtant, la qualité des pelouses est loin de répondre présente.
Tenante du titre, l’Algérie a été tenu en échec par la Sierra Leone lors de son premier match (0-0). Si à l’image de son gardien Mohamed Kamara, héroïque, les outsiders ont réalisé un grand match, il faut reconnaître que Riyad Mahrez et ses copains n’ont pas été aidé par la pelouse. Globalement, la qualité du gazon proposé lors de cette CAN n’est pas à la hauteur d’une compétition internationale. Cette donnée est un réel frein pour les équipes essayant de produire du jeu. Il n’est donc pas étonnant de voir les pays favoris avoir des difficultés face à des défenses regroupées.
L’Algérie, comme le Sénégal ou d’autres, comptent dans leur rangs de nombreux joueurs évoluant dans les plus gros clubs européens. Des stars désormais habituées aux meilleures pelouses européennes. Même si la pelouse est la même pour tous les joueurs, un terrain en mauvais état avantagera toujours les équipes moins techniques.
Au-delà de la pelouse, les conditions météorologiques au Cameroun sont loin d’être idéales. La température dépassant les 30 degrés n’aide pas les joueurs et demande au corps un minimum d’adaptation. Notamment pour les joueurs venant d’Europe qui étaient jusque là en pleine période hivernale. Ce climat conjugué à l’état des pelouses n’offre pas les meilleures conditions aux joueurs pour donner du spectacle. Difficile également d’oublier le facteur Covid. Face au Zimbabwe, les Sénégalais étaient entre autre privés d’Edouard Mendy et Kalidou Koulibaly.
Un premier match souvent difficile
Entrer dans une compétition internationale n’est jamais chose aisée. Ce n’est pas la France qui dira le contraire. Lors de son sacre au Mondial 2018, les Bleus avaient entamé le tournoi par une victoire à l’arrache contre l’Australie (2-1). Comme les champions du monde, le Sénégal a eu besoin d’un penalty tardif pour se débarrasser du Zimbabwe. Le Cameroun, pays hôte, s’est imposé douloureusement par un but d’écart contre le Burkina Faso. Idem pour la Guinée face au Malawi. Débuter un tournoi avec l’étiquette de favoris amène obligatoirement une certaine pression. Un aspect qui peut brider certains joueurs.

La donnée physique peut également expliquer ces débuts en demi-teinte de la part des gros. Compte tenu de la situation sanitaire, certains pays ont fait le choix de réduire leur préparation. C’est notamment le cas du Sénégal, qui a annulé son stage prévu au Rwanda. De telles circonstances peuvent expliquer pourquoi certaines nations ont eu du mal à entrer dans la compétition. Pour des favoris comme le Sénégal ou l’Algérie, programmés pour aller très loin, la préparation physique a certainement été faite dans le but d’arriver frais lors des phases finales.
Une CAN à 24, une bonne idée ?
À l’image de l’Euro, la CAN a adopté en 2019 le format à 24 équipes. Un choix qui offre la possibilité à des nations moins habituées au haut niveau de participer à la compétition. Dans cette nouvelle configuration, il n’est plus nécessaire de terminer dans les deux premiers de sa poule pour se qualifier pour les huitièmes de finale. En effet, les quatre meilleurs 3e poursuivront l’aventure. Sur six groupes, quatre d’entre eux qualifieront donc trois nations. Dans un contexte où de nombreux sélectionneurs reçoivent de grosses pressions de la part de leur Fédération, la priorité est donc mise sur le résultat plutôt que sur le jeu.

Peut-on blâmer des équipes comme la Sierra Leone ou le Malawi de mettre l’accent sur l’aspect défensif face à des adversaires comme l’Algérie ou la Guinée ? Dans des conditions délicates, il n’est donc pas étonnant de voir les favoris se heurter à la déterminations des équipes supposées plus faibles sur le papier, prêtes à tout pour conserver le point du match nul. Un point qui, compte tenu du format de la compétition, pourrait s’avérer salvateur pour la suite.
Un contexte particulier lié au Covid, des conditions loin d’être optimales. L’appréhension d’entrer dans une compétition ainsi qu’un format qui favorise la culture du résultat. Autant d’éléments qui peuvent en partie expliquer pourquoi les gros ont du mal depuis le début de la CAN. Espérons qu’au fil du tournoi, les équipes se libèrent. En attendant, les regards seront rivés vers la Côte d’Ivoire, qui sera demain soir le dernier favori à entrer en lice. Face aux Éléphants, la Guinée Équatoriale. Un autre petit poucet qui donnera tout pour conserver le point du nul.